
RODRIGUE DELATTRE
One, two... TREE
14/03 - 20/04
Vernissage 14/03 - 18h
"One, two,... TREE
Le tempo est donné. Le rythme, lui, est proposé à travers un accrochage qui laisse le soin aux spectateurs de découvrir la musicalité des œuvres qui, tantôt bourdonnent à l'oreille, tantôt appellent au silence aphasique, tantôt chatouillent le sourire mais aussi et surtout, déchaînent leur brouhaha pictural pour mieux se jouer de nous sur le terrain de nos propres sentiers émotionnels.
Comme à son habitude, le travail de R.D nous balade et nous manœuvre dans un rébus visuel et textuel où plusieurs associations esthétiques sont palpables et où différentes rumeurs sur le sens demeurent envisageables. Techniquement, nous découvrons ici un renouement à une picturalité plus brute, une plasticité plus sauvage où la géométrie se fait bien plus discrète pour laisser place à la poésie d'un vide assumé. La peinture sur toile, sur bois et sur papier se déploie dans un spectre chromatique également plus minimaliste où la figure semble s'effacer jusqu'à sa totale disparition. Que reste-t-il alors ? Si ce n'est cette page vierge où tout devient possible et imaginable ? Peut-être une forêt, un océan. Qui sait ?
Inexorablement, nous ressentons la présence d'un élément récurrent, ce protagoniste invité qui semble être ce tronc noirci, calciné, goudronné, aussi menaçant que rassurant de par sa forme et sa matière. Ce bois, ce matériau, aborde ici symboliquement la question du savoir intellectuel et éducationnel (la feuille de cours qui apparaît presque obsessionnellement), la question de notre rapport au vivant et de notre impact social et politique (la fuste, l'arme, les ressources minières, etc...) mais aussi la question heureuse et mélancolique (sodade) de la quête d'un bonheur imprécis mais rassurant dans ce monde aliénant, comme un petit mot réjouissant griffoné sur un post-it. Allez, "ça va d'aller m'chou".
Mais restons toutefois vigilant, contrairement aux apparences, ce tronc goudronné, ce "tarred trunk" n'est pas une relique sans vie, vouée à la hache du bûcheron ou à l'allumage des feux. C'est même tout l'inverse. Empli de vitalité, il se développe dans toute son épaisseur d'argile et de peinture nous invitant à ne jamais nous arrêter à une première lecture et de ne pas nous laisser piéger par la fake news. Hêtre ou ne pas être en quelques sorte. Ce bois-là se fait arme, fronde, radeau, feuille, papier collant, prêt à en découdre avec les éventuels opposants de son absolue nécessité.
Un, deux, Arbre ! : Bonne baguenaude wesh... !
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